C’est aux confins de la péninsule Ibérique, à Fisterra, que mon chemin, amorcé au Puy en Velay à l’automne 2012, s’est achevé. La borne indiquait le km 0.
Pour la première fois, je ressentais un vrai bien être, une réelle unité, comme si toutes les pièces du puzzle étaient enfin à leur juste place.
Je n’arrivais pas à le croire! Est-ce réellement, grâce à ce pèlerinage qu’une transmutation alchimique s’était opérée?
Que s’était-il passé en moi au cours de toutes ces semaines de marches? Je me suis alors souvenue avec beaucoup d’émotions de mon départ au Puy en Velay, lorsque après la messe des pèlerins, à l’aube d’une journée d’automne, la nef centrale de la cathédrale s’est ouverte par le bas. L’image qui m’est apparue est celle de la Vierge Noire ( la Materia Prima) donnant naissance à ses enfants. Je me suis retrouvée sur le Parvis avec une sensation de nouveau-né, la Vierge m’y avait déposée avec beaucoup d’amour dans le but de naître à moi-même, grâce à une quête intérieure qui fera petit à petit son chemin mais dont je n’aurais la révélation qu’au bout du chemin à Santiago!!!!
Alors d’étapes en étapes, mois après mois, j’ai traversé la France du Puy en Velay au Pays Basque, abandonnant pas après pas, les parties de moi-même dont je n’avais plus besoin. Un pèlerinage est toujours une épreuve qui pousse au détachement et à une purification.
Tout au long de ce voyage, je me suis dépouillée et recentrée, comme les arbres en automne. Un retour vers mes racines les plus profondes. J’ai suivi la « route étoilée », j’ai traversé des centaines de village, je me suis nourrie de cette magnifique nature et surtout de tous les échanges si riches et si forts avec les pèlerins que j’ai eu la chance de rencontrer. L’arrivée à Roncevalles, après le passage difficile des Pyrénées, fut un cadeau exceptionnel et toute ma vie, il restera gravé dans mon coeur. Puis j’ai suivi la flèche jaune du Camino Espagnol et j’ai découvert la Navarre, le Rioja, la Castille et enfin la Galice.
Je pourrais encore vous parler pendant des heures de toutes les émotions que j’ai vécues lorsque je pénétrais dans certaines églises, de l’émerveillement que j’ai physiquement perçu en traversant ces magnifiques forêts de chênes, de châtaigniers ou d’eucalyptus. Tous mes efforts récompensés lorsque j’arrivais au sommet des montagnes pouvant observer alors une vue à 360°, de la gratitude que j’avais au fond du coeur en voyant tous ces ciels porteurs de messages….sans oublier le bien-être de toutes les odeurs que je captais et qui nourrissaient toutes les cellules de mon corps et de mon âme.
Merci aussi, à tous les pèlerins qui ont croisé mon chemin. Chacun m’a permis, grâce à son histoire de quitter mes masques et mes apparences, d’affronter mes peurs et de m’aider à me libérer de mes vieux oripeaux.
Lorsque je suis arrivée à Santiago, j’ai ressenti comme une tristesse, un effondrement voir un écroulement. Qu’est-ce qui se passait? Pourquoi? c’est à Fistera que j’ai reçu la réponse. A Santiago, il faut enterrer ses vielles peaux et être dans un lâcher prise total et là, à Fistera devant l’immensité qui s’ouvrait à moi, j’allais recevoir quelque chose, une perception en adéquation avec mon âme.
Je suis restée un certain temps à regarder l’horizon.
Après les eaux amniotiques de la Vierge Noire du Puy, j’étais face à une autre matrice, les aux eaux de l’Inconscient.
Le vrai chemin ne faisait que commencer, mais vers où et vers quoi????
En regardant dans la brume de cette matinée d’été, j’avais l’impression d’apercevoir » l’île d’Avalon », cette île mystérieuse de la connaissance. J’ai tout de suite pensé » aux Pommes d’or du Jardin des Hespérides » qui nous parlent de nos valeurs. Le symbole de ce récit est très important, surtout dans notre société actuelle, tellement basée sur la matière, la possession et le nombrilisme. Les Pommes sont liées aux valeurs universelles dont l’origine est commune. Nous ne pouvons les posséder. Par contre, nous pouvons en goûter la saveur en élevant notre niveau de conscience.
Mes yeux ne pouvaient se détacher de cet horizon, j’avais l’impression de vivre mon passé, mon présent et mon futur en même temps. Je vivais cet instant roi, ce ici et maintenant et je priais pour que cette perception ne disparaisse jamais. Mon regard s’est fixé sur cette mer qui s’étendait devant moi et j’ai vu un chemin qui se dessinait avec l’écume de la mer, comme pour m’indiquer vers où me diriger…
De tout mon coeur, je fais le souhait que chacun de nous en fonction de ce que nous sommes et quels que soient les chemins que nous choisissons ( spirituel, culturel, sportif, affectif..) que la tolérance, le respect d’autrui, la liberté et la solidarité soient de plus en plus présents dans ce monde actuel en pleine mutation. C’est en tout cas, l’intention qui a voyagé dans mon coeur tout au long de mon » camino ».
Astrologiquement Vôtre, Béatrice